Billet dégageant un léger fumet d’intolérance
Je suis normalement reconnu pour être assez tolérant, et patient également. Enfin je crois. Ça dépend du contexte. Ça dépend aussi de l’humeur, et ça dépend de qui est impliqué. Laissez-moi d’abord vous rapporter les faits, et rien que les faits.
Nous étions sur la rive-sud, en train de nous sustenter dans un restaurant spécialisé dans les petits déjeuners. Vous savez, ce genre de restaurant qui ont un jeu de mot avec “egg”. Je ne me rappelle pas du nom de celui où nous étions, alors nous l’appellerons “Egg-cécrable” (Jeu de mot du Médiateur Farceur. Tous droits réservés).
Nous déjeunions donc. Autour de nous, de nombreuses petites familles, car nous étions en banlieue, et, c’est bien connu, la banlieue est le seul endroit acceptable pour élever des enfants (Sarcasme de Noisette. Tous droits réservés).
Et parmi cette foule dans le restaurant plein, deux jeunes mamans à la même table, avec les jeunes poupons. Maman jase avec maman, bébé jase avec bébé. Les bébés ont cette manière de communiquer en criant à tue-tête. Mais visiblement, mamans étaient dans une conversation si intense que les décibels de bébés ne pénétraient pas les parties les plus sensibles de leurs tympans.
À deux tables de là, de nouveaux clients prennent place. Là aussi, la relève est présente, dans sa petite chaise haute. Parlant le même langage que les deux autres jeunes quidams, il se joignit à la conversation à distance.
Les deux mamans continuent de parler, enterrées par quantité de voyelles lancées à pleine gorge. Et le nouveau couple regardent leur petit qui se fait des amis d’un œil attendri.
Cependant, tout autour, d’autres yeux fixent les protagonistes, mais qui ne semblent pas nécessairement conjuguer “regard” et “attendri”. Les gens sont irrités, agressés par les cris. Je le suis aussi. Après 15 minutes, je me suis même dit “Je me demande ce que ça fait quand on met un bébé dans une friteuse?“. Hmm… il crie encore, sans doute.
Donc, ça, ce sont les faits, saupoudrés d’un peu de sarcasme et d’un zeste de méchanceté.
Sinon, je me demande depuis ce temps si être agressé par les cris de bébés dans un restaurant, c’est être intolérant.
On ne peut pas en vouloir à l’enfant, ça c’est certain. C’est son seul moyen de communication. Peut-on en vouloir aux parents? Sans doute. Encore cela dépend-il de l’enfant. Un bébé tranquille qui ne dit jamais un mot ne dérangera personne dans un restaurant. Faudrait-il s’en prendre aux parents parce qu’ils n’intervenaient pas?
Bref, finalement, je n’ai pas vraiment de réponse à mes questions. Moi je trouvais cela très agressant. Même si ce n’était pas un restaurant à l’ambiance romantique, j’avais quand même envie de ne pas me faire crier dans les oreilles.
Maintenant suis-je intolérant? En fait, je crois que la tolérance ne devrait pas s’appliquer à toutes les sauces. Tolérer quelque chose d’intolérable, c’est être bien plus naïf qu’ouvert d’esprit. Et le cas échéant, la tolérance perd toute son essence.
Et la tolérance je crois que ça peut sans doute être très hypocrite. Je ne serais pas surpris d’apprendre que bien des parents, qui appellent à la tolérance, n’étaient pas capable d’entendre un enfant crier avant d’en avoir eux-mêmes…
En conclusion, cette réflexion m’a amené à me dire que, étant conséquent, je voudrais sans doute éviter ce genre de désagrément à autrui. Comme je n’aime pas me faire crier dans les oreilles, je n’irai pas au restaurant accompagné de mes futurs enfants. Mais cela limite tellement les sorties que le dilemme s’impose: Est-ce que je préfère irriter les gens, ou rester chez moi, ou simplement ne pas avoir d’enfant?
J’imagine que quand j’en voudrai, je le saurai…