La pizza métallique

Il y a un moment que je me dis que je vais faire ce billet. Un billet que j’écris autant pour le plaisir que pour éduquer mes fidèles lecteurs, en plus de raviver des souvenirs chez quelques autres.

Je veux parler de musique – de heavy métal, plus particulièrement – et spécialement de l’aspect passe-partout de ce genre musical. Car j’ai remarqué, dans ma carrière d’amateur de cette musique, que le métal absorbe et intègre très facilement différents genres de musique sans en perdre son essence. Et ce n’est pas nécessairement le cas dans les autres musiques.

Par exemple, si le classique accepte mal la présence de guitare électrique sans perdre son intégrité, le heavy metal digère tout à fait les éléments de musique classique sans perdre son essence.

C’est pourquoi j’ai décidé de comparer le heavy métal à la pizza. La pizza est un met international dont tous les pays ont leur propre version de la recette. On peut mettre n’importe quoi dedans, et il y aura toujours des gens pour en manger.

Laissez-moi donc vous faire part de mes recettes de pizza métalliques préférées qui proviennent de partout dans le monde. Notez que ce n’est pas parce que je connais ces recettes que je les mange toutes!

La Classique

La recette classique est de plus en plus populaire. Au départ, je crois que ça choquait beaucoup. Bien des gens ont levé le sourcil lorsque je leur ai parlé de l’un ou l’autre groupe métal qui comportait des éléments de musique classique.

Pour ce premier met, je vous ai préparé deux petites bouchées à saveur entièrement différente.

D’abord, le groupe Therion. Therion est un groupe tout à fait expérimental qui passe du coq à l’âne chaque fois qu’un nouvel album sort. Récemment, ils ont préparé un spectacle (et un CD) dans lequel ils étaient accompagnés d’un orchestre symphonique. Le but était de jouer certains des plus grands classiques de chez classiques.

Dans le CD appelé « The Miskolc Experience« , Therion reprend des classiques de Dvorak, Verdi, Mozart et Wagner, pour ne nommer que ceux-là. Je vous offre donc en entrée le classique de Verdi: « Vedi! Le Fosche Notturne Spotigle » qui, ironiquement, est très souvent entendu dans les publicités de restaurants italiens et de pizzérias. Veuillez ne pas tenir compte du fait qu’il n’y a pas vraiment de vidéo dans la dite vidéo.

Therion – Vedi! Le Fosche Notturne Spotigle
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Dans le même genre une recette tout à fait différente du côté du groupe Haggard. Ce groupe, plutôt que de s’acoquiner d’un orchestre symphonique à temps partiel, est essentiellement un véritable orchestre à temps plein. Un orchestre métal, comportant ténors, pianos, claviers, violons, contrebasses, cloches, harpes, clavecins, flutes, hautbois et j’en passe. Si vous êtes un brin patient (ça prend du temps à partir) je vous suggère Eppur si Muove d’Haggard. Un véritable délice.

Haggard – Eppur Si Muove
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La Jamaicaine

La recette jamaïcaine, je n’y goûte pas souvent. Mais les épices qu’elle contient donnent un goût tout à fait exotique à ce met qu’on pourrait appeler Reggae. Le groupe Skindred, d’Angleterre, a osé mettre un chant reggae sur du heavy métal – bien que la musique tombe parfois dans le côté « mainstream » du métal que j’apprécie moins. Ça vaut quand même la peine d’y goûter!

Skindred – Rock Roots Riot
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Aux boulettes suédoises

Le groupe Månegarm nous fait déguster la Suède dans ce plat local. On y détecte très des garnitures tels que le violon et des chants propres à l’arrière pays, sans oublier le fumet que dégage les chants dans une langue étrangère mais combien fondante. Sans rire, ce groupe et un de mes préférés, sans doute parce qu’il laisse très bien transparaitre ce que j’imagine être la musique folklorique suédoise.

Månegarm – Hemfärd
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Au gratin helvète

Cette version comporte un gout réhaussé d’ingrédients nous provenant de la Suisse. Eluveitie est un mini-orchestre donnant dans le métal et le celtique, mais sans tomber trop dans l’un où l’autre. C’est un mélange égal de tout ce qui est intéressant dans les deux genres. Ça fond dans les oreilles.

Eluveitie – Thousandfold
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La pizza qui a du coffre

Voici une variété assez peu commune. Il s’agit d’un mélange de métal et d’opéra. Par « opéra » je ne parle pas que d’une voix féminine avec du coffre, mais également des répliques. Tout le monde chante opéra, comme un vrai opéra avec une histoire, voyez le genre? C’est Therion qui récidive ici sur un album qui, justement, était bâti sur l’idée des opéras de Wagner, en racontant la mythologie nordique.

Therion – Helheim
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Recette centenaire et historique

On ne sait sans doute pas comment goûtait la toute première pizza. Quand on sait que le mot « pizza » est apparu en l’an 997, on ne risque pas de le savoir de sitôt. Mais en 997 c’est aussi l’époque des Vikings (790 à 1050). Eux aussi, j’imagine, devaient chanter, mais ce n’est pas non plus possible de savoir comment ça sonnait. Ceci dit, le groupe Heidevolk, des Pays-Bas, se sont fait une joie d’imaginer ce qu’aurait été le heavy métal à cette époque, en scandinavie.

Heidevolk – Het Gelders Volkslied
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À l’asiatique

Le Japon aussi a une vision très locale du met dont il est question. Si, d’ordinaire, la retenue et la sobriété sont des vertus dans ce pays, ce n’est visiblement pas le cas dans la recette qui suit. Ici, tout est extravagant. Vous remarquerez les déguisements assez époustouflants, ces belles robes qui virevoltent, et ces pommes d’adam… Car oui, ce sont des messieurs, les membres du groupe Versailles. S’habiller en femme, au Japon, dans le mouvement Visual Kei, c’est tout à fait viril. Et, disons-le, fort spécial…

Versailles – Ascendead Master
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Ingrédients divers et avariés

Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de faire une pizza en y mettant tout simplement n’importe quoi – des ingrédients qu’on aurait jamais songé mettre dans une recette de pizza? C’est un peu ce que le groupe Finntroll a fait. En mélangeant la humppa (musique style polka pour les petits vieux) à leurs heavy métal, ils ont progressivement incorporé banjo, tuba, accordéons et rythmes style « de cirque » pour créer un style totalement unique : le troll métal. Ça fait quoi un troll? Ça tue et ça mange des chrétiens, essentiellement.

Finntroll – Ursvamp
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Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que votre apétit musical sera rassasié ;)